Scandale du chlordécone
Alerte ! Le Gouvernement français ne veut pas dépolluer nos sols !
Pour atteindre son objectif Zéro pollution d’ici 2050, l’Union Européenne planche sur une grande loi d’observation de la pollution des sols.
Jusque là, bonne nouvelle. C’est sans compter la position de la France qui œuvre activement pour exclure les territoires ultra-marins de la procédure, ces mêmes territoires largement contaminés au chlordécone pendant 30 ans avec la complicité de l’Etat en Guadeloupe et Martinique, au mercure en Guyane ou encore au nickel en Nouvelle-Calédonie.
Les États membres se positionneront sur le texte au mois de juin, en parallèle des élections européennes: nous avons le temps d'empêcher le gouvernement français de porter une nouvelle atteinte aux ultra-marins !
Montrons-leur que, comme les autres territoires d’outre-mer, la Guadeloupe et la Martinique, dont les sols et les corps sont imbibés de pesticides, méritent respect et protection, justice et réparation !
De 1972 à 1993, 300 tonnes de chlordécone ont été épandues dans les bananeraies de Guadeloupe et de Martinique. Un empoisonnement organisé pour lutter contre le charançon du bananier, un ravageur des cultures, mais surtout pour maintenir les rendements de la mono-agriculture de banane, pilier de l’économie en Guadeloupe et Martinique.
En dépit des connaissances scientifiques pointant la dangerosité du produit, et malgré son interdiction aux USA dès 1977, l'empoisonnement des Antilles a perduré, causant des problèmes de santé public majeur que paient aujourd’hui encore les antillais et antillaises.
30 ans après la fin de l’utilisation du chlordécone, la situation sanitaire aux Antilles française est catastrophique. Une fois épandu, le pesticide se fixe d’abord dans les sols pour y demeurer pendant plusieurs siècles. La molécule pénètre les nappes phréatiques, les rivières, et les eaux côtières et aujourd’hui, près de la moitié de la ressource en eau douce et du littoral marin sont pollués au chlordécone. Effet en chaîne, c’est toute la population des Antilles qui est touchée puisqu'en 2014, la molécule a été détecté chez 90% des habitants, avec des effets dévastateurs sur la santé: taux de cancers de la prostate le plus élevé du monde, accouchements prématurés, risque de cécité accrue, etc.
En février 2024, après un long combat associatif et militant, l'Assemblée Nationale désigne enfin l’Etat comme responsable dans le scandale du chlordécone après des années d'omerta et d’inaction. Ce vote historique - qui doit encore être confirmé au Sénat - engagera la France dans un véritable travail de réparation et de dépollution pour débarrasser les Antilles du chlordécone et réparer les dommages auprès de la population.
Pourtant, alors que la Commission Européenne prépare sa grande loi pour observer les pollutions des sols et investir pour des sols sains, la France s’oppose à inclure les territoires ultra marins dans la directive. Dans les hautes sphères de l'Etat français, la Guadeloupe et la Martinique ne semblent pas encore pleinement en droit de bénéficier des politiques européennes au même titre que l’ensemble des citoyens et citoyennes.
Nous avons gagné l ’inscription du crime d’écocide dans le droit européen mais ce ne sera pas rétroactif. L’Europe doit officiellement reconnaître l’utilisation du chlordécone comme un écocide, et contraindre la France à garantir justice et réparation.
Ne laissons pas ce crime impuni. Pour la dignité des familles et le respect de la nature nous demandons :
La restauration de la nature
Il n’est plus question de s’adapter au chlordécone, mais de faire disparaître ce poison de nos sols. Pour cela, la France doit appliquer le principe de pollueur-payeur ou assumer le coût de la dépollution en dernier ressort.
La reconnaissance des maladies liées à la présence des pesticides.
Les ouvriers et ouvrières comme les victimes indirectes doivent être protégé.es et indemnisé.es. Nous demandons la mise en place d’un fonds pour TOUTES les victimes du chlordécone, permettant la prise en charge des soins, et des indemnisations.
Une modification en profondeur de l’agriculture locale
Les mêmes modèles productivistes mèneront aux mêmes problèmes de santé publique. Aux Antilles comme ailleurs, il est urgent de quitter le modèle des monocultures pour travailler en harmonie avec le vivant.
Le suivi des politiques publiques.
Les plans gouvernementaux sur le chlordécone sont critiqués par les associations locales faute d’efficacité. Nous demandons un établissement public indépendant chargé de suivre et coordonner les politiques publiques sur le sujet.
Pour que justice et réparation soient faites en Guadeloupe et en Martinique, je signe la pétition !
Bonus : Pour comprendre l’empoisonnement des Antilles, voici une brève histoire du chlordécone en 10 dates
1972: en dépit des alertes, et du rejet par deux fois de son autorisation par la « Commission des Toxiques », l’Etat français - sous la signature de Jacques Chirac, ministre de l’agriculture - autorise l’utilisation de pesticides à base de chlordécone dans les bananeraies de Guadeloupe et Martinique.
1974 : Les ouvrier.es agricoles qui manipulent le chlordécone sans protection se mettent en grève pour demander l’arrêt des pesticides. L’Etat répond par la force, il y aura deux morts. Le sang des grévistes se mêle aux pesticides. L'empoisonnement continue.
1977 : la molécule est interdite aux Etats-Unis après un scandale sanitaire dans l’usine qui synthétise le produit. La compagnie responsable se verra infliger une amende record pour l'époque.
1979 : Le chlordécone est reconnu comme cancérogène probable par l’OMS. La France poursuit son autorisation pour maintenir les rendements dans les bananeraies des Antilles, au profit des Grands planteurs, descendants d’esclavagistes.
1993 : Suite à l'interdiction du chlordécone en France en 1990, la France signe encore deux dérogations pour les Antilles avant de l’interdire définitivement en 1993.
2013 : l'Étude Kannari conclut que 90% de la population vit avec du chlordécone dans le corps. La molécule est partout : dans plus du tiers des surfaces agricoles et la moitié de la ressource en eau douce. Dès lors, en mangeant des légumes locaux ou en buvant l’eau, la population entière se contamine en continu.
2014 : le plan chlordécone de l’Etat pour les Antilles propose aux populations de s’adapter au risque, mais ne met aucune moyen à la hauteurs des enjeux et ne propose pas de réparer l’écocide flagrant du chlordécone.
2018 : Emmanuel Macron, en bras de chemise à l’Elysée pendant le grand débat, nie le lien entre le chlordécone et les cancers. Pourtant les études sont claires: le chlordécone entraîne un risque accru de cancer de la prostate, des accouchements prématurés, un déficit de développement chez les nourrissons,etc, etc…
2023: Saisie par les associations, la justice prononce un non-lieu. Ni justice, ni réparation.
2024 : l’assemblée nationale vote enfin pour reconnaître la responsabilité de l’Etat dans le scandale du chlordécone.
Le combat ne fait que commencer pour obtenir justice et réparation !